EyrollesLe site Amazon vient de me suggérer de commander le livre que je suis en train d’écrire. On vit une époque formidable. Plus sérieusement, depuis l’été dernier, je me suis attelé à la rédaction de mon prochain ouvrage sur Linux pour l’éditeur Eyrolles. Après Linux aux petits oignons, Ubuntu efficace et Débuter avec Linux, voici venir le quatrième ouvrage spécialisé de ma plume. Et le cinquième pointe déjà le bout de son nez, car vu l’ampleur du sujet, on a décidé de répartir ça sur deux tomes. Ou pour citer mon éditeur, « autant de tomes que tu veux »:

Là je suis confortablement installé à mon bureau, la vue donne sur les cimes des arbres sur la Place des Platanes et la garrigue ensoleillée au loin. La machine à café espresso fonctionne bien et garantit le taux de caféine idéal pour un travail de rédaction soutenu. Écoutez mes phalanges qui craquent.

OpenSUSE Leap

Après maintes tergiversations, on a réussi à se fixer sur le titre de l’ouvrage, qui s’appellera donc Administration Linux par la pratique : Tome 1, Les fondamentaux de l’administration système. Ce qui me motive à écrire ce livre, c’est le constat d’un manque sur le marché. Un livre du genre RHEL/CentOS pour les nuls, qui explique pas à pas et sans aucun prérequis l’administration de ces systèmes. Alors bien évidemment, vous me direz qu’il y a déjà une flopée de bouquins qui traitent de ça.

  • Le best-seller du marché, c’est la collection Administration Linux en quatre volumes de Jean-François Bouchaudy dans la collection T-Soft. C’est basé sur CentOS 5, et c’est donc officiellement EOL (End Of Life). Bon, y’a des trucs qui sont pas mal dedans, mais j’avoue que j’ai rarement vu un bouquin technique avec autant d’erreurs factuelles et de fautes de frappe. Il n’y a manifestement eu aucun travail de relecture technique, ou même de relecture tout court. Et quand on regarde les illustrations, on se demande si elles ont été faites par un gamin de trois ans.
  • Un autre best-seller, Red Hat Enterprise Linux et CentOS dans la collection ENI. C’est la réédition d’un grand classique, dont la mise à jour a été copieusement bâclée. À titre d’exemple, la configuration d’Apache sous CentOS 7 concerne en fait celle de la version 6. Et bon, les bouquins techniques qui commencent par me conseiller de désactiver SELinux plutôt que de m’expliquer clairement à quoi ça sert, je ne m’étendrai pas plus là-dessus.
  • Sinon, en langue anglaise, je pourrais à la limite conseiller l’excellent Unix and Linux System Administration Handbook, un des meilleurs bouquins techniques que j’ai pu avoir sous la main. C’est écrit par une équipe d’auteurs extrêmement compétents et bien renseignés. C’est toujours sérieux sans jamais se prendre au sérieux, et c’est souvent même drôle à lire. Sauf que c’est basé sur Red Hat Enterprise Linux, CentOS, Debian, Ubuntu et FreeBSD, ça compte pas moins de 31 gros chapitres pour un total de près de 1.200 pages, et c’est donc le pavé idéal pour les interrogatoires musclés, pour asseoir les gosses dessus à table ou pour caler la porte de la terrasse un jour de Mistral. Il faut donc quelque chose de plus concis que ça. En français.
  • En dehors de la documentation imprimée, notons ici l’excellent site Formatux maintenu par Antoine Le Morvan et son équipe. Formatux, c’est un beau support de plus de cinq cents pages qui permet de s’initier à l’administration système Linux sous CentOS.

Maintenant, voilà en grandes lignes le concept de mon bouquin à venir.

  1. Ça parle uniquement des serveurs, en mode console. Pour la configuration des postes de travail, je mettrai à la limite un petit chapitre en annexe pour décrire succinctement l’installation d’un poste de travail OpenSUSE Leap 15.0 KDE, vu que c’est ce que j’utilise.
  2. C’est basé sur CentOS 7 et ça se concentre sur la famille Red Hat. Dans mon expérience, les formations qui essaient de danser à toutes les noces (comme on dit dans mon pays natal) finissent par embrouiller les gens qui apprennent. Généralement, je conseille à mes stagiaires de s’initier à Linux (ou Unix) en optant pour un seul système (CentOS), et de voir les autres (Debian, Ubuntu, FreeBSD) par la suite. Eyrolles a déjà deux excellents ouvrages dans la collection des Cahiers de l’Admin, le bouquin sur Debian de Raphaël Hertzog et celui sur les systèmes BSD d’Emmanuel Dreyfus.
  3. Ça doit être pratique et immédiatement utilisable, bien expliqué et sans prérequis externes, en suivant une progression pédagogiquement cohérente. Un des rares points faibles du Unix and Linux System Administration Handbook, par exemple, c’est que ça commence par le chapitre Booting and System Management Daemons, qui vous plonge à froid dans les entrailles de GRUB2 et la personnalisation des unit files de systemd. C’est très bien expliqué, y’a rien à dire. Mais un débutant qui voit ça, il part en courant pour entamer une carrière de réparateur de pirogues sur une île du Pacifique, au sein d’une micro-économie basée sur le troc.
  4. Les configurations fournies en exemple doivent être immédiatement utilisables, telles quelles.
  5. Les techniques enseignées doivent permettre à un administrateur novice de RHEL/CentOS de survivre tout en lui montrant les réflexes de base pour se documenter et apprendre en autonome par la suite.
  6. Sans oublier qu’il faut absolument trouver un nombre suffisant de vannes et de blagues de potache qui me font rire moi-même, mais tout juste en-dessous du seuil de tolérance du comité de relecture d’Eyrolles pour que ça soit amusant à lire. Jusqu’ici ils ont été plutôt sympa. Un grand merci à Alexandre Habian des éditions Eyrolles, qui ne se contente pas simplement de supporter mes idées farfelues et autres délires, mais qui les encourage activement. Publier un bouquin sur Linux basé uniquement sur Slackware en 2017, fallait oser quand-même.

Là j’en suis au chapitre 14, avec une vingtaine de chapitres prévus au total pour le premier tome. Avec le temps prévu pour l’escalade, le trail, le VTT et le boulot (parce qu’il faut quand-même que je remplisse mon frigo aussi), on va voir si j’arrive à nager d’une rive à l’autre dans les semaines à venir, même si c’est un peu chaud pour la date de publication prévue. Je vous tiens au jus pour la suite des événements.

Bonne année 2019 !

Escalade